... qui a manqué d'endorphines pendant un certain temps. Voilà ce qui pourrait nous arriver !
Pas toujours bien dans leurs pompes les coureurs à pied !
Surtout lorsqu’une blessure impose un arrêt provisoire ou définitif de la pratique sportive.
Le coup de blues est-il une constante obligée de la période de convalescence.
Voyage au royaume des éclopés.
La blessure du coureur est d’autant plus difficile à accepter ou à vivre qu’elle s’accompagne souvent de commentaires goguenards.
Parents, potes et collègues de bureau entonnent la même sarabande sarcastique : ‘Tu vois, je t’avais bien dit que tu finirais pas t’esquinter’ ou ‘forcément, à courir comme ça, maintenant tu boites comme un vieux’. Le coureur a mal et on le rosse.
Facile à encaisser ? Pas vraiment !
Il y a pire. Évidemment !, il y a pire qu’une fille ou qu’un mec en bonne santé qui pleurniche à cause d’un bobo provisoirement invalidant. Sans doute pour ça qu’on ne fait jamais grand cas des marathoniens à l’arrêt, des ‘camés de l’endorphine’ maugréant en salles d’attente et, parfois, jusque sur le billard.
Quoique ! La faculté, comme disait Coluche, a entendu la rumeur. Et traite désormais le phénomène. Toute douleur est légitime. Même si elle paraît en apparence dérisoire. La sensation de manque qui mène parfois jusqu’à des états mélancoliques : voilà du concret, du presque palpable.
Question, le coureur blessé peut-il être victime de vrais accès de déprime ?
Apprendre à gérer la période de repos forcé
« Dépression, le terme est excessif », juge d’emblée Dominique Poux, membre de la Société Française de Traumatologie du Sport et spécialiste incontesté du genou.
« Mais oui, il y a syndrome de manque lorsqu’une blessure survient. Principalement parce que l’endorphine, cette substance secrétée dans l’effort, est un puissant calmant. »
Claire Carrier, psychiatre et auteur de nombreux ouvrages sur la psychologie des sportifs, analyse : « Le coureur blessé souffre car il n’a pas sa dose de dépense motrice. Il déclenche une dette au mouvement. Et c’est cette dette qui fait mal. » Au passage, Claire Carrier constate que la blessure peut entraîner chez certains athlètes blessés des attitudes compensatoires telle qu’une vraie intolérance à la douleur ou une fuite vers d’autres addictions comme l’alcool.
« Il est important de continuer à pratiquer le sport, poursuite le Docteur Poux, afin que le niveau de condition physique reste stable. Une blessure au genou n’empêche pas de nager ou de faire de l’aqua jogging, par exemple.
Je prends toujours en charge la globalité d’un individu et pas seulement la région blessée. Avec comme objectif de limiter au maximum la période d’arrêt et la désadaptation cardiovasculaire à l’effort. »
Syndrome de manque lorsque la blessure survient
Le traitement d’une blessure peut et doit être double : physiologique et mental. Il faut soigner le bobo, parfois sévère, et prendre psychologiquement en compte la nouvelle donne afin de mieux gérer la période de repos forcé. « Le cerveau n’est pas une lampe que l’on allume ou que l’on éteint, fait justement remarquer le Docteur Carrier. La mémoire du geste et du mouvement est là. On ne peut en faire l’économie. Lorsque vous savez faire du vélo, vous ne pouvez pas décider de ne pas savoir faire du vélo : ce n’est pas possible ! »
Impossible donc de faire comme si l’habitude de courir – souvent à heures fixes – n’était pas l’un des passages obligés de la routine quotidienne. En cas de blessure, il est cependant important de raisonner la partie de soimême toujours à la recherche de plus d’efforts et parfois de souffrance. Il faut savoir ouvrir les bras à d’autres disciplines sportives, à des moyens de s’exprimer physiquement de manière différente. Accepter au bout du compte l’idée toute bête qu’un vrai repos est parfois nécessaire. Et faire la paix avec les journées sans entraînement pour guérir (au) plus vite !